Sensibilisation au rattrapage vaccinal HPV en classe de 3ème

La 1ère campagne de vaccination contre le Papillomavirus (HPV) en classe de 5ème a été mise en place dans un délai court en 2023 : annoncée en février, réalisée en octobre. Sa communication, basée sur la prévention des cancers liés aux HPV s’est adressée aux parents d’élèves. L’objectif de 30% de vaccinations réalisées en classe n’a pas été atteint.

La France est un pays marqué par une forte hésitation vaccinale. La désinformation sur cette vaccination, le fait qu’elle ne soit pas obligatoire, et le manque de connaissance réciproque entre les acteurs de la santé et de l’éducation nationale sont des explications possibles de ce retard. Face à ce constat l’idée d’un rattrapage de la vaccination HPV se pose. Pour y parvenir, nous avons évalué la possibilité de mener une action de sensibilisation auprès des collégiens de 3ème sous la forme d’une intervention d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS).

Méthodes

Le réseau de santé sexuelle (RSS) du Mont Valérien est une association de soignants de ville et de l’hôpital Foch investis dans la santé sexuelle. L’ARS nous a choisi pour être le centre de vaccination des 5èmes des collèges de proximité. Accompagné par les CPTS de Suresnes et Rueil, nous avons proposé des séances d’EVRAS de 1 heure avec un focus de 10 minutes sur l’HPV faites par un médecin sexologue dans les classes de 3ème des collèges publics de ces 2 villes.

Après une phase pilote dans 5 collèges en 2023, toutes les classes de 3ème des collèges publics ont eu une séance d’EVARS d’une heure en octobre 2024. Les élèves ont complété des questionnaires anonymes avant et après l’intervention. L’objectif était d’évaluer leurs connaissances ainsi que leur rapport à la vaccination et à ce type d’intervention (EVRAS). En fin de session, des brochures sur la vaccination HPV ont été distribués, et les adresses des structures de santé sexuelle prenant en charge les mineurs à proximité leur ont été communiquées. L’analyse des questionnaires récoltés a été confiée à l’unité biostatistique et méthodologie de la Direction de la Recherche Clinique et de l’Innovation de l’hôpital Foch.

Résultats

Les séances d’EVRAS ont été faites dans 41 classes de 3ème; 996 réponses (53,7 % filles, 46,3 % garçons) ont été recueillies. 1 collégien sur 4 déclare n’avoir jamais participé à une séance d’EVRAS. 1 élève sur 2 admet manquer d’informations sur ce sujet. Seuls 6 % ont déclaré avoir déjà eu une relation sexuelle dont la moitié avec préservatif.

69,8 % des élèves ont déclaré être satisfaits par l’intervention ; 95,8 % ont trouvé le contenu clair ; cependant 17 % ont ressenti une gêne. La proportion d’élèves non vaccinés qui envisagent de se faire vacciner contre HPV a significativement augmenté après la séance (47,9 % contre 18,5 %, p<0.001).

Il est utile de proposer un rattrapage vaccinal HPV en classe de 3ème précédé d’une intervention d’EVRAS. Ces adolescents sont sensibles à ces thématiques et commencent pour certains d’entre eux à être confrontés aux premiers risques. Enfin notons qu’à 14 ans, un schéma vaccinal à deux doses peut encore être proposé.